Il faut aussi tenir compte de la durabi-lité
du four :
• fours temporaires
• fours permanents
Actuellement, la chaux se fabrique dans des fours très perfectionnés,
utilisant le fuel ou le gaz comme combustible.
L'observation in situ a permis de mieux comprendre l'architecture et le fonctionnement
de ces fours temporaires intermittents à longue flamme.
De loin, le four se présente sous la forme d'un tumu-lus, normalement
recouvert de végétation. Un examen révèle un trou
de forme généralement cylindrique, d'un diamètre de 4 à
6 mètres. La profondeur est très variable selon le remplissage
par les sédiments. En
général, dans la couronne qui représente le vestige du
mur du four, on peut remarquer une interruption correspondant à l'entrée
basse appelée gueule.
A l'intérieur de ce cylindre, le chaufournier construit une voûte
en encorbellement comme pour les bories, en utilisant la pierre calcaire. La
partie sous la voûte servira de foyer. Au-dessus de celle-ci sera répartie
la charge à cuire : les plus grosses pierres au centre et des pierres
de moins en moins grosses en s'élevant et en s'écartant de l'axe
du four.
Pour cuire la pierre, on utilisera comme combustible la broussaille de la garrigue
environnante. On estime à un hectare la surface à moissonner.
Ceci explique que l'on avait plus vite fait de creuser un autre four plutôt
que de transporter des milliers de fascines. On comprend aussi pourquoi nous
découvrons un nombre aussi impressionnant de fours dans la colline.
La cuisson durait deux ou trois jours, sans interruption.
Les fours de Gémenos
La commune de Gémenos abrite plusieurs fours à chaux. Nous avons
retrouvé la trace du plus ancien, qui se situe au vallon de Saint-Pons,
grâce aux archives départementales. Il s'agit sans doute d'un
blocs de calcaire de taille dégressive
vers le haut
et lorsqu'on s'éloigne
de l'axe du four
des deux fours construits par J.B. d'Al-bertasen 1809.
Sur le four bien visible dans le vallon à gauche de la route qui monte
à la Sainte-Baume, nous n'avons aucune précision.
L'excursion du 25 mai au vallon Saint-Clair nous a permis d'en découvrir
quatre. Nous n'avons aucun renseignement sur ces fours. En revanche, nous avons
retrouvé quelques demandes d'autorisation, sans pouvoir localiser les
fours en question et sans doute avec quelques lacunes qui nous empêchent
toute statistique :
1834: 12 fours 1838: 7 fours 1841 :4 fours 1845: 2 fours 1846: 1 four 1848:
2 fours 1853 : 2 fours 1865 : 1 four
(apparemment le dernier de ce type)
Pour tranporter la chaux, on empruntait des chemins tels que celui encore bien
visible du vallon Saint-Clair, chemin charretier, avec des murs de soutènement
chaque fois que cela s'avérait utile.
remblai
a
Dans le reste de la Sainte-Baume
Nous connaissons mieux le versant sud. Quelques sondages nous ont permis de
repérer des fours à chaux à Cuges-les-Pins, sur le plateau
du Camp, à Méounes, à Signes. La littérature en
indique plusieurs à La Roquebrussanne (cahiers de l'A.S.E.R.), à
Mazaugues et à Garéoult.
Il serait intéressant de prospecter dans les parages du Vieux Rougiers
car Mme Démians d'Archimbaud signale l'usage de la chaux au cours de
l'édification du château.
Le cas de la vallée de l'Huveaune est plus délicat. On doit y
trouver des fours plus élaborés mais aussi des cimenteries et
des plâtrières.
Il y aura beaucoup de travail si l'on veut réaliser un inventaire exhaustif
des traces de ces industries, comparable à celui que j'ai mené
dans le massif des Calanques et qui m'a permis de découvrir 250 fours
environ. Il serait souhaitable qu'une équipe se constitue pour mener
à bien cet inventaire.
Claude Thomas