des êtres hu
mains suit le
cours des ri
vières; elle part
des sources
jaillissant du
creux des col
lines. Les
hommes ont vite
compris que le
site de Ma-
zaugues était à
ce point de vue
exceptionnel.
D'après l'abbé
Saglietto, les
baumes du
drams, de Saint-
Michel, de
l'Ubac, de l'Her-
bette ont été ha-
bitées par des
hommes préhis
toriques, chas
seurs, pêcheurs,
cueilleurs non
sédentaires. On
retrouve dans
ces sites des
traces de leur
passage depuis
10.000 ans avant
notre ère.
La rivière, c'est l'endroit où le chasseur épie et choisit
sa proie parmi les animaux sauvages qui viennent s'y abreuver.
A l'époque néolithique, les occupants du sol deviennent progressivement
sédentaires; ils sont encore chasseurs mais commencent la domestication
des animaux et de la terre; ils vont être bergers de petits troupeaux
et agriculteurs cultivant avec des outils rudimentaires les terres légères
des alentours des sources et des berges des rivières. Leurs habitats
sont des grottes et des hameaux de cabanes.
C'est la population ligure qui oc-
cupe le sud-est de la Gaule - et par conséquent la Provence - et la Lombardie
à l'Age du Fer (à partir de 500 ans avant notre ère). De
cette époque date l'oppidum de Meynarguet-te dont le nom pourrait signifier
mai-nada, troupe au service d'un seigneur.
Pour les civilisations païennes, les sources sont des divinités
qui ont la propriété de guérir les blessures et de ranimer
les guerriers morts au combat. L'eau fraîche de la source conduit ceux
qui la boivent au royaume des héros.
La source est origine de la vie, de la puissance, de la grâce, du bonheur;
elle est aussi mémoire, mère de la connaissance, lieu sacré
du savoir.
A l'époque romaine, la forêt de la Sainte-Baume est déjà
un haut-lieu de culte, culte de la nature, des arbres, des sources. Le poète
latin Lucain (39-65) commente, dans sa Pharsale, cette étrange croyance
: "il y a un bois sacré qui, depuis un âge très reculé,
n'a jamais été profané et entoure de ses rameaux entrelacés
un air téné-
breux et des ombres glacées impénétrable au soleil...une
eau abondante tombe des sources noires... Les peuples n'approchent pas de ce
lieu pour y rendre leur culte, ils l'ont cédé aux dieux. Que Phébus
soit au milieu de sa course ou qu'une nuit sombre occupe le ciel, le prêtre
lui-même en redoute l'accès et craint de surprendre le maître
de ce bois".
Ce culte sans image répond à une spiritualité primitive
qui se traduit par l'adoration des nomina, c'est-à-dire de la force sacrée
naturelle.
La relation établie entre l'homme et l'eau va se modifier au cours du
temps, l'homme décidant, comme il l'a fait avec la terre, de la mettre
à son service, de la domestiquer, de la maîtriser.
Durant la période gallo-romaine, les besoins en eau vont devenir plus
importants, aussi bien pour les habitants que pour les animaux et les cultures.
La villa gallo-romaine est une véritable petite ville. D'une part, il
y a la villa urbana avec ses pièces ouvertes pour l'été,
ses chambres, ses thermes, son temple et autres dépendances domestiques;
d'autre part la villa rustica qui se compose des étables, des écuries,
des moulins, des huileries, des greniers, des granges, des ateliers et des communs
pour le personnel. C'est le début de la domestication et de l'exploitation
de l'eau. Les hommes vont irriguer les terres pour développer leurs cultures
puis, pour transformer la matière, ils vont avoir besoin d'une force.
Ils disposent de celle de leur corps, mais elle s'avère insuffisante
pour actionner les meules des moulins. Ils maîtriseront donc l'énergie
contenue par l'eau des rivières.
Il est à peu près certain que, dès le IVème siècle
de notre ère, il y ait eu plusieurs villae sur le territoire de Ma-zaugues
: la Caire de Sarrasin, le Cros de Guirand, la Venelle, le Cros de Girard, Sabatier,
le Cros du Fray, Mout-tenez-sur-Agnis... Toutes ces exploitations n'avaient
pas la même importance. Certaines étaient très modestes.
Les plus importantes exigeaient une alimentation en eau conséquente :
c'est le cas de la Villa Matalica située