Presque isolé du monde, à quelque 1150 mètres
d'altitude, ce coin de notre terroir qu'on appelle la Sainte-Baume ne ressemble
pas aux autres endroits de Provence.
Si proche du ciel qu'il semblait en avoir reçu des grâces exceptionnelles,
il avait comme par miracle jusqu'à nos jours traversé les siècles,
avec bonheur, sans que la main de l'homme ne le blesse.
Mais voilà qu'aujourd'hui le charme est rompu. La montagne sauvage se
transforme en ville-dortoir et la Nature peu à peu perd ses droits souverains.
L'homme l'envahit et s'y installe en conquérant avide, irrespectueux
de l'équilibre et de la beauté de cette terre unique née
sous le signe du merveilleux.
Depuis toujours elle eut un tel pouvoir de séduction sur les hommes que
de tout temps ils y vinrent en foule.
Mais la montagne alors était un lieu sacré, ou encore un refuge,
ou une source de bienfaits. Et les hommes la respectaient. Ils faisaient corps
avec elle.
Et c'est ainsi qu'au fil des temps, en accord parfait avec elle, ils ont bâti
jour après jour l'histoire de ces lieux.
Et elle nous est chère, à nous qui sommes nés ici, parce
que c'est notre histoire et la sève de nos racines.
C'est l'âme de notre terre qui porte encore la marque vive de ces choses
du passé qu'elle garde en mémoire et qu'elle nous transmet quand
on sait regarder, écouter et sentir.
Le livre de l'histoire ici tout grand ouvert sur le passé, c'est le livre
de la Nature: les roches, les plantes, les arbres, l'eau, le vent et les herbes
sauvages sont les témoins vivants des grands événements
qui ont marqué ce site millénaire et qui, au fil des siècles,
souvent changés et embellis, ont dépassé la simple histoire
pour entrer avec force dans la légende. Mais qui de nous pourrait s'en
plaindre?
Avec leurs vieux secrets et leurs mystères, les légendes nous
font rêver à l'aube de nos origines.
Descendants de héros mythiques, produits de notre terre, nous devons
préserver leur mémoire et sauver leur domaine. Sous la voûte
vivante de la forêt millénaire, les ombres de tous ceux qui ont
tissé l'Histoire de la Sainte-Baume passent tout près de nous
en fantômes amis. Ils appellent à l'aide pour exister encore dans
les siècles qui viennent avec cette forêt, avec cette Montagne
qu'ils sentent menacées par l'inconscience humaine.
Et leurs voix trouvent en nous un écho favorable car si la terre meurt
nous mourrons avec elle.
D faut la sauver cette Terre bénie où le temps n'a plus de frontière
afin de pouvoir toujours sentir, au hasard d'une promenade, que soudain, comme
par magie, le présent et le passé se mélangent.
Quand le temps et l'espace n'ont plus de frontière, l'ombre obscure des
anciens dieux païens, l'esprit des druides et des prêtresses, l'âme
des Saints, l'éclat des anges, les silhouettes des pèlerins pour
Compostelle, l'esprit des fiers Compagnons, les fantômes des grands brigands,
le reflet des sorciers, le souvenir des fées et la gloire des Rois nous
accompagnent dans les sentiers pendant que, dans le silence, l'eau et le vent
nous content leur histoire.
Autour de nous, l'eau des sources porte les plaintes de Marie-Madeleine qui
pleure sur ses mains. On entend dans le vent avec le bruit des feuilles, le
rire d'Esterelle et les soupirs de Calendal. Sur les parois de roche résonnent
les cris des charretiers descendant des glacières, le charroi des chevaux
galopant dans les pierres et les ricannements du terrible Gaspard de Besse.
Les cailloux en dégringolant sur les chemins pierreux réveillent
sous nos pas les rires en grenaille des "Farfadets". Et soudain, là-haut,
dans les plus hautes grottes du grand rocher retentit infernal l'éclat
de rire de la Chèvre d'Or.
Ainsi, pris dans un sortilège, tout au long du chemin, on reconnait sans
peine, sans pourtant l'avoir jamais vue, la trace de cette histoire légendaire
dont ia nature porte les marques.
Ici, les trois pierres plates d'un "Castellet" dressées en
triangle au pied d'un chêne sacré par des jeunes filles pour demander
un amoureux, là-haut dans une grotte les "oeufs (fossilisés)
de fécondité". Là, dans l'écorce d'un arbre
les signes mystérieux des Compagnons de Maître Jacques et, soudain,
sur le sol, ouverte entre les pierres dans les feuilles d'automne, minuscule
mais "plus que belle" voici la fleur d'espoir : "l'Etoile de
Balthazar".
Car les rois Mages, dit-on, sont aussi venus jusqu'ici. Et qui peut en douter?
N'est-il pas vrai que Balthazar lui-même - le plus vieux, le plus sage
des trois et aussi le plus cher dans le coeur des Provençaux - a donné
sa proverbiale devise : "au hasard Balthazar" et l'Etoile à
seize rais à la terre des Baux?
Mais tout ceci est une autre histoire et nous en reparle
rons plus tard. D
Alor, près dins la mascarié, long dôu camin, recouneissèn,
tant-léu, senso peno, - e pamens lis avièn jamai vist! - touti
li marco e li piado d'aquèlo istôri legèndari:
Eici li très peiro plato en triangle di "Mou-loun de Joio"!
(li dreissavon li chatouno, en secret au pèd di roure, per demanda un
amou-rous)... Eilamount dins uno baumo sourno "lis lôu de la Fegoundita"...
Eila sus la rusco d'un aubre, li signe misterious di Coumpagnoum de Mestre Jaque...
E subran, per sou, duberto entre li pèiro e lou fuiun d'autouno, menudeto
e mai que bello, vèici "la Flour d'Espèr"! : l'Estello
de Bautezar!...
De "l'Arlésienne" à "la Reine Jeanne", en
passant par sa "Nuit de Noël en Provence , c'est par le biais du grand
spectacle que le groupe théâtral de l'Estello de Vède transmet
Culture et Tradition au grand public.
Nos photos : la réalisation médiévale de cet été
sur le thème de la Reine Jeanne à Bouc-Bel-Air, pour "La
Provence, Quelle Histoire!". Ci-contre, les co-réalisateurs, Renée
Savournin et Christian Monticone.
Dans le projet Ecomusée du Pays Sainte-Baume, il est prévu de
réaliser des reconstitutions pour retracer l'histoire des communes du
massif. Outre le Moyen-Age, ces spectacles pourront traiter d époques
plus récentes : XVIIIème siècle (fêtes du château
de Valbelle à Tourves); XIXème siècle (histoire des glacières).
Afin de promouvoir l'usage de la langue provençale, l'ecomusée
du Pays Sainte-Baume prévoit de recenser les personnes qui enseignent
la langue provençale. Nous invitons ces personnes à se faire connaître.
Bord que li Rèi Mage tambèn, se dis que
soun vengu eici, enjusqu'en Nosto Terro! E que n'en doutarié? Es-ti pas
verai qu'es eu, Bautezar, lou mai viei di très, lou mai sage et lou mai
car dins lou cor di Prouvençau, que ié dounè a la Terro
di Baus, sa prouverbialo de-viso: "à l'asard Bautezar" et l'Estello
de seige rais?...
Mai acô soun d'autris istôri. N'en parlarèn un'autrofès...
Renée Savoumin et Françoise Romieu
S'APPRENIAN LOU PROVENÇAU
Elie GRAVIER Maison des Associations
83170 TOURVES un mardi sur 2 de 17 à 19h